Microcrédit : qu’est-ce que c’est et comment en bénéficier ?

Le microcrédit est un prêt solidaire qui peut vous aider à financer un projet personnel ou professionnel. Mais est-ce qu'il est fait pour vous ?

Vous avez un projet personnel ou professionnel qui pourrait améliorer votre situation, mais vous n'avez pas accès au crédit bancaire classique ? 



Vous avez entendu parler du microcrédit, mais vous ne savez pas exactement ce que c'est, comment ça marche, quels sont ses avantages et ses inconvénients ? 

Qu'est-ce que le microcrédit ?



Le microcrédit est un système de prêt qui permet aux individus économiquement vulnérables d'accéder à des fonds pour financer un projet, ou développer une entreprise. 

Contrairement aux prêts traditionnels, le microcrédit s'adresse aux personnes qui ne répondent pas aux critères habituels des institutions financières, comme les faibles revenus, le chômage, le surendettement, ou la situation de précarité sociale.

Le microcrédit a pour objectif de favoriser l'insertion ou la réinsertion sociale et professionnelle des personnes exclues du marché du travail, en leur permettant de réaliser un projet qui va améliorer leur situation. Il peut s'agir d'un projet personnel, comme l'achat ou la réparation d'un véhicule, le passage du permis de conduire, une formation, l'accès au logement, ou encore la rénovation énergétique d'un logement

Il peut aussi s'agir d'un projet professionnel, comme la création, la reprise ou le développement d'une micro-entreprise, dans le secteur artisanal ou tertiaire.

Le microcrédit se distingue des autres formes de crédit par plusieurs caractéristiques :

  • Il est accordé pour un montant faible, généralement inférieur à 12 000 euros, et sur une durée courte, de quelques mois à quelques années.
  • Il est assorti d'un taux d'intérêt, qui peut varier selon les organismes prêteurs, mais qui reste généralement inférieur aux taux pratiqués sur le marché du crédit à la consommation.
  • Il est accompagné d'un suivi social et/ou professionnel de l'emprunteur, qui vise à l'aider à mener à bien son projet, à gérer son budget, à ouvrir ses droits sociaux, et à prévenir les difficultés de remboursement⁵.
  • Il repose sur la confiance et la solidarité, plutôt que sur les garanties financières. Le microcrédit ne nécessite pas de caution, ni de dépôt de garantie. Il peut être accordé à des personnes qui sont fichées à la Banque de France, ou qui sont en situation de surendettement.

Quelle est l'origine du microcrédit ?



Le microcrédit est né dans les années 1970, au Bangladesh, sous l'impulsion de Muhammad Yunus, un économiste et entrepreneur social. Face à la pauvreté et à l'exclusion dont souffraient les habitants des zones rurales, il a eu l'idée de créer une banque rurale, la Grameen Bank, qui accordait des prêts de faible montant aux personnes les plus fragiles de la communauté, notamment les femmes, qui étaient exclues du système bancaire classique. 

Ces prêts leur permettaient de financer des activités génératrices de revenus, comme l'agriculture, l'artisanat, ou le commerce. La banque ne réclamait pas de caution pour les prêts octroyés, mais l'emprunteur était suivi par un groupe de plusieurs personnes, chargées de l'encourager et de contrôler le bon développement du projet.

Ce concept solidaire s'est ensuite largement répandu dans le monde, et a permis à des millions de personnes de sortir de la pauvreté, de devenir autonomes financièrement, et de contribuer au développement économique et social de leurs territoires. 

En 2006, le prix Nobel de la paix a été décerné à Muhammad Yunus et à la Grameen Bank, pour « avoir favorisé le développement économique et social de populations pauvres ».

En France, le microcrédit professionnel s'est développé au cours des années 1980, avec la création de l'Association pour le droit à l'initiative économique (Adie), qui soutient les entrepreneurs qui n'ont pas accès au crédit bancaire. 

Le microcrédit personnel a été introduit en 2005, avec la loi de cohésion sociale, qui a créé le Fonds de cohésion sociale (FCS), un fonds de garantie qui permet aux organismes prêteurs de couvrir le risque de défaillance des emprunteurs.

Comment obtenir un microcrédit ?

Pour obtenir un microcrédit, il faut d'abord avoir un projet personnel ou professionnel qui soit viable, réaliste, et qui puisse améliorer votre situation. 

Il faut aussi avoir une capacité de remboursement suffisante, en fonction de vos revenus et de vos charges. Il faut ensuite vous adresser à un organisme qui propose du microcrédit, qui peut être une banque, une association, ou une institution de microfinance. 

Vous devrez présenter votre projet, votre situation financière, et vos motivations. L'organisme va étudier votre dossier, et vous proposer un plan de financement adapté à vos besoins et à vos possibilités. Si votre demande est acceptée, vous devrez signer un contrat de prêt, qui précise le montant, la durée, le taux, et les modalités de remboursement du microcrédit. 

Vous devrez aussi vous engager à respecter les conditions d'accompagnement qui vous seront proposées, comme le suivi social, le conseil, ou la formation.

Quels sont les avantages et les inconvénients du microcrédit ?



Le microcrédit présente de nombreux avantages, tant pour les emprunteurs que pour la société. Il permet de :

  • Financer des projets qui ne pourraient pas être réalisés autrement, faute de moyens ou de garanties.
  • Favoriser l'insertion ou la réinsertion sociale et professionnelle des personnes en situation de précarité ou d'exclusion.
  • Créer ou développer des activités économiques, qui génèrent des revenus, des emplois, et de la valeur ajoutée.
  • Renforcer la confiance en soi, l'autonomie, et la responsabilité des emprunteurs, qui deviennent acteurs de leur propre développement.
  • Contribuer à la cohésion sociale, en créant du lien entre les emprunteurs, les prêteurs, et les accompagnateurs, qui partagent des valeurs de solidarité, d'entraide, et de respect.

Cependant, le microcrédit n'est pas sans risques, ni sans limites. Il peut aussi entraîner des inconvénients, tels que :

  • Le surendettement, si l'emprunteur n'arrive pas à rembourser son microcrédit, ou s'il cumule plusieurs microcrédits auprès de différents organismes.
  • L'exploitation et le néocolonialisme, si le microcrédit est accordé à des taux d'intérêt trop élevés, ou si l'accompagnement est trop intrusif ou contraignant. Ce qui est souvent le cas dans les pays pauvres où des organismes douteux imposent des taux d'intérêts supérieur à 20 % afin d'exploiter les pauvres. Ainsi, dans de nombreux pays en Afrique, il y a eu de scandales où des organismes de microcrédit vautour, qui étaient contrôlés en sous-main par des multinationales, ont utilisé le microcrédit pour forcer des paysans à céder leurs terres.
  • La dépendance, si le microcrédit devient la seule source de financement possible, ou si l'emprunteur n'arrive pas à se passer du soutien de l'organisme prêteur. Et cette dépendance est aggravée par des taux d'intérêts trop élevés. Le résultat est une destruction monétaire constante pour le pauvre qui passe son temps à passer d'un microcrédit à un autre sans pouvoir jamais se libérer financièrement
  • L'inefficacité, si le microcrédit ne permet pas de résoudre les problèmes structurels qui sont à l'origine de la pauvreté ou de l'exclusion, comme le manque d'éducation, de santé, ou d'infrastructures. Après 30 ans de microcrédit dans les pays pauvres, on s'aperçoit que le dispositif a aggravé la pauvreté, on a endetté massivement des populations sans rien leur apporter et elles sont obligés de le payer avec leur terre et leurs corps dans certains cas.

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